Nicolas (I) Stoppa

Nicolas (I) Stoppa

Nicolas (I) Stoppa, fils de Nicolas Stoppa et d’Ursula (?).

Né le 21 décembre 1542 à Chiavenna, baptisé dans la religion protestante.

Rue Carlo Pedreti au centre maison Stoppa.

Il fit des études primaires en la ville de Pontresina et, à l’âge de 15 ans , entra au lycée de Bâle.

Église de Sainte-Marie à Pontresina.

Il eut quelques soucis d’argent et ne payant plus sa pension à son logeur, ce dernier le fit renvoyer du lycée pour qu’il fasse des travaux de coutures afin de se faire rembourser.

Il put néanmoins terminer ses études. À 23 ans il fut bachelier et 2 ans après il obtint une maitrise en lettres.

Il décida ensuite de poursuivre des études de médecine et, le 19 avril 1569, à 27 ans reçu son diplôme de docteur en médecine de l’université de Bâle.

Gravure de la ville de Bâle, vers 1648.

À cette époque l’université de Bâle était très renommée. 

En 1543, André Vésale professeur en chirurgie procéda à la première dissection publique sur le corps d’un condamné ; ces travaux sur l’anatomie du corps humain  lui permirent de publier une œuvre magistrale « De Humanis corporis fabrica ». Ouvrage comportant 300 planches gravées regroupant toute l’anatomie et rectifiant près de 200 erreurs par rapport aux écrits de Galien.

André Vésale (1514-1564).

Cet ouvrage fut imprimé à Bâle par l’imprimeur Jean Oporin et est considéré comme l’un des plus beaux livres du monde.

Page du livre
« De Humanis corporis fabrica »,
imprimé par
Jean Orpin (1507-1568).

Son diplôme de médecin en poche, Nicolas (I) Stoppa ne choisit pas d’exercer la médecine en cabinet ou à l’hôpital, il préféra enseigner et continuer d’étudier la médecine et la philosophie.

En 1570, il est professeur d’éloquence, son érudition lui permet de faire des traductions du latin en langage vernaculaire.

En décembre 1571, il se maria, est-ce son premier mariage ? Certains historiens mentionnent sans donner de preuves un mariage antérieur.

Son épouse se nomme Régula Frey, elle est veuve de Nicolas Im-Hoff et a déjà 6 enfants.

De cette union Nicolas (I) eut une fille Judith, baptisée au temple en 1575.

Cette même année, il succéda au professeur de médecine Johannes Hospinianus dans la charge de professeur de logique et, conformément aux usages de l’époque, il latinisa son nom en Stupanus; cette charge lui permis de devenir bourgeois de Bâle. 

A 34 ans, en 1576 il est nommé doyen de la faculté de médecine de Bâle.

L’année suivante, Nicolas (I) qui parlait le français traduisit en  latin le mémoire d’Abel Foullon sur l’usage de l’holomètre qui était rédigé en  français . En effet, depuis 1539  l’ordonnance de Villers-Cotterêts obligeait que tous les écrits officiels soient en français.

Abel Foullon fut l’inventeur de l’holomètre qui était un instrument formé de billes mobiles dont l’écartement permettait d’atteindre les longueurs des côtés et des angles d’un triangle, permettant ainsi de mesurer toutes choses sous l’étendu de l’œil.

Le roi Henri II ayant donné le droit d’exclusivité de dix ans à l’inventeur contre l’obligation de présenter par écrit son invention, l’holomètre est considéré comme le premier brevet d’invention connu en France. 

Henri II (1551-1589)
dessin de Jean Delcourt.

Nicolas (I) continua de gravir tous les échelons de la hiérarchie de l’université de médecine ; en 1578 il fut nommé recteur.

Cette belle carrière fut brutalement stopper en 1581. Nicolas Stupanus fut interdit d’enseigner pour avoir gravement offensé le conseil de l’université en dédiant au prince catholique von Blarer de Wartensee son introduction de la seconde édition latine de « Il principe » de Nicolas Machiavel

La dédicace louait le prince-évêque et le félicitait d’une façon particulièrement amicale de ses activités de contre-réforme.

Pour Bâle, ville profondément protestante, c’était un crime de lèse-majesté !

Nicolas (I), né dans une famille protestante et éduqué par des maîtres protestants n’a jamais abjuré la religion reformée, on peut cependant dire qu’il n’était pas pratiquant…

En 1580, l’écrivain polémiste François Hotman fervent admirateur de Calvin, écrivait à un ministre de Zürich, Rodolphe Gualthérus qu’un professeur, recteur de l’académie de Bâle en 1578, du nom de Stupanus, soutenait qu’ « il ne savait pas si la messe était un blasphème, et que semblables questions lui importaient peu » !

François Hotman (1524-1590)
d’après Joos van Winghe.

Veuf en octobre 1579, il épousa, le 5 décembre 1580, Catherine Iselin, née le 26 juin 1554. Elle avait 26 ans et mit au monde 7 garçons et 2 filles.

Tous les garçons firent de belles carrières dans la médecine ou la pharmacie et les filles épousèrent des pharmaciens. On peut dire que cette lignée des Stoppa contribua a faire de Bâle la capitale mondiale de la recherche en micro- chimie et de la recherche pharmaceutique.

En 1585, soit Nicolas (I) avait fait amende honorable, soit ses qualités le rendaient indispensable à l’université, mais il fut réintégré. 

Tout en étant enseignant il continua des traductions; en 1588, il traduisit en allemand le “Discours sur la vie” de Nicolas Machiavel, et en 1589, après

“Nicolas Machiavel (1469-1527)”,
peint par Santi di Tito.

avoir étudié la logique et la médecine théorique, il succéda au professeur Zwinger à la chair de médecine théorique.

Theodor Zwinger (1523-1588).

Zélé défenseur des dogmes des Anciens, Hippocrate, Aristote et Galien, Nicolas (I) traduisit de nombreux ouvrages sur la médecine dogmatique.

En 1614 il publia, pour justifier ces maitres anciens, un ouvrage qui, hélas pour ce grand savant, n’obtint pas la notoriété de celui écrit par son confère et ami Gaspar Hofmann. Son livre fut qualifié de « compilation fort insignifiante » !

Caspar Hofmann (1572-1648)

Le 25 septembre 1619, à 69 ans, son épouse décéda.

À 78 ans, sentant sa fin proche, il décida de céder à son fils Emmanuel sa chaire de professeur.

Le 11 septembre 1621, ce grand érudit s’éteignit.

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