Jean Antoine Stoppa

Jean Antoine Stoppa

Jean Antoine Stoppa, fils de Bernardin Stoppa et d’Angela Camoilla.

Né avant 1597, à Chiavenna dans le pays des Grisons.

Rue Carlo Pedreti,
au centre maison Stoppa.

En 1597, avec sa famille, il habita à Lyon, où son père fut marchand-banquier.

Il se convertit au catholicisme pour se marier, vers 1621-1622 (premier mariage), avec Marguerite Pestalozzi.

Le couple vivait dans le quartier « au Change » à Lyon et, comme tous les expatriés, fréquentait ses coreligionnaires. Certains d’entre-eux devinrent parrain et marraine de leurs enfants :

  1. Rodolpho, baptisé le 3 juin 1623, paroisse Saint-Paul à Lyon. Son parrain fut le colonel Rodolpho de Schawenstein, sa marraine Anne de Bourg, épouse de Barthélemy Lumaga ;
  2. Françoise, baptisée le 5 novembre 1624, paroisse Saint-Paul à Lyon. Son parrain fut Barthélemy Lumaga, sa marraine Françoise Pellissari, épouse de Paul Massarany ;
  3. Jean Antoine, baptisé le 27 octobre 1625, paroisse Saint-Paul à Lyon. Son parrain fut Paul Massarany, sa marraine Marguerite Ménard, épouse du colonel Rodolpho de Schawenstein ;
  4. Marguerite, baptisée le 9 juin 1627, paroisse Saint-Paul à Lyon, son parrain fut Etienne Chaly, sa marraine Marguerite de Schawenstein.  Marguerite fut la seule enfant du couple qui vécut jusqu’à l’âge adulte.

En 1626, lorsque son père vint à Paris pour s’établir banquier, Jean Antoine Stoppa resta à Lyon pour continuer à s’occuper des affaires familiales, il fut reconnu bourgeois marchand de la ville de Lyon.

La vie de Jean Antoine Stoppa changea drastiquement en 1630, il décida de confier à son père ses activités commerciales ; le 23 juillet, il lui donna procuration pour gérer toutes ses activités de commerce à Lyon. 

Il commença alors une carrière diplomatique en accompagnant en juillet 1630 l’éminence grise du cardinal de Richelieu, le père Joseph, à la Diète de Ratisbonne (Bavière, Allemagne).

Triple portrait du “cardinal de Richelieu, (1585-1642)”, peint par Philippe de Champaigne.
“L’Éminence grise, père Joseph (1577-1638)”, peint par Jean Léon Gérôme.

Ratisbonne était le siège de la Diète du Saint-Empire germanique.

Ratisbonne en Bavière.

Il dut se plaire à Ratisbonne, car il devint le secrétaire de l’ambassadeur de France, Charles Brûlart de Genlis, qui résidait en cette ville.

Le 21 juin 1631 Jean Antoine Stoppa, par lettres de créance, fut chargé par les plénipotentiaires français de Cherasco en Italie de plusieurs missions spéciales aux pays des Grisons afin de négocier les démarches relatives à l’exécution du traité de Cherasco.

Le palais municipal de Cherasco ,
Piémont, Italie.

Le traité fut signé le 6 avril, mais le 19 juin, les parties prenantes édictèrent de nouvelles dispositions ; ce furent ces dernières que Jean Antoine Stoppa dut mettre en application. Le 16 septembre, il conclut sa mission.

En 1632 et 1633, il fut chargé de missions à la cour de France par Henri II duc de Rohan, qui était alors ambassadeur de France dans le pays des Grisons.

Portrait de “Henri II de Rohan, (1579-1638)”,
peint par Samuel Hofmann.

Au mois de mars 1632, pour permettre à Jean Antoine Stoppa d’assurer ses missions en sécurité, le duc de Rohan leva une compagnie franche de deux cents hommes qu’il lui confia.

Le 27 novembre 1632 Jean Antoine Stoppa accompagna le docteur Jakob Schmid von Grüneck du pays des Grisons en France pour obtenir auprès du roi de France le règlement de soldes impayées. Il n’assista pas aux négociations car le duc de Rohan lui ordonna de rentrer en pays des Grisons dès le mois de janvier 1633.

Jean Antoine Stoppa devait avoir moultes qualités pour avoir la confiance du duc de Rohan; en effet, l’année où ce dernier levait une compagnie pour son compte, l’ensemble des troupes grisonnes voyait leur effectif baisser de 1 000 hommes.

À cette époque, Jean Antoine Stoppa ne pensant pas que le choix des armes l’éloignerait loin du pays des Grisons fit construire une maison avec jardin et écurie à Coire.

Photo de la maison des Stoppa à Coire.

Était-ce la maison du 45 Masanserstrasse que Pierre Stoppa acquit en 1660, comme le mentionnent de nombreux auteurs ?

C’est probable car cette maison, qui existe encore de nos jours, fut construite vers 1636 ; un bois gravé avec la date de 1636 est visible dans le mur de cette maison, des recherches dendrochronologiques de la charpente ont daté la coupe des arbres de 1630-1632.

Maison Stoppa à Coire, date de la construction 1636
gravée sur une poutre.

En 1635, la compagnie de Jean Antoine Stoppa fut incorporée dans le régiment commandé par le futur maréchal de camp Ulysse de Salis et engagée à la reconquête des vallées de la Valteline que les armées espagnoles occupaient depuis le traité de Monzón.

Dans ses mémoires, Ulysse de Salis mentionna que la compagnie franche de Jean Antoine Stoppa était le 25 mars 1635 à Ems près de Coire, le 28 mars, le 1er ou le 2 mai et le 19 juin à Novate, au sud de Chiavenna.

Au début de l’année 1637, il y eut un renversement d’alliances fomenté par trente-et-un officiers et hommes d’État grisons qui, sous l’appellation ligue de Kettenbund, regroupèrent une troupe de 3 000 hommes sous le commandement de Jörg Jenatsch et décidèrent le 6 février 1637 de s’unir pour chasser les Français du pays des Grisons et reconquérir la Valteline.

“Jörg Jenatsch” (1596-1638).

Les capitaines de compagnies grisonnes durent choisir leur camp. Jean Antoine, fervent serviteur de la France, refusa de suivre les ligueurs de Kettenbund, confirma son engagement pour la France et avec Ulysse de Salis fit partie des derniers défenseurs du château de Chiavenna. Le 23 mars 1637 dans la forteresse de Rohan-Schanze, ils furent au côté du duc de Rohan lors de l’attaque des troupes de la ligue de Kettenbund.

Plaque commemorative de prise de
la forteresse de Rohan-Schanze.

Suite à la reddition de la forteresse de Rohan-Schanze et le retrait de l’armée de Rohan du pays des Grisons, Jean Antoine quitta son pays natal pour aller en France.

Le 7 décembre 1637, Henri II d’Orléans-Longueville, dit monsieur de Longueville, écrivit à Jean Antoine Stoppa pour lui demander « de se rendre en sa place de La Capelle, Aisne, pour y tenir garnison avec sa compagnie de gens de pied grisons », et lui assura qu’il prendrait un soin tout particulier pour garantir la subsistance.

“Reception d’Henri d’Orlean-Longueville (1595-1663),
dans l’ordre du Saint-Esprit par le roi Louis XIII”,
peint par Philippe de champaigne en 1663.
Dessin de la place de La Capelle par Christophe Tassin en 1634.

Il écrivit également à monsieur Lambert, gouverneur de la place, pour qu’il accueillît le capitaine Stoppa et sa compagnie ; dans ce courrier, il précisa que cette compagnie était « en bon estat et qu’elle est pour le mieux maintenue quant autres ».

En janvier 1638, Jean Antoine Stoppa acquit le brevet de capitaine de la compagnie qu’il avait levée en 1635.

Le 17 juillet 1638, il habitait à Paris, rue Pavée, paroisse Saint-Sauveur, lorsqu’ il renonça à la succession de son père en faveur de ses sœurs, Angèle, Julie et Lucrèce.

Gravure de l’église Saint-Sauveur, rue Saint-Denis à Paris.

En février 1640, le capitaine Jean Antoine Stoppa accompagna le maréchal de camp Ulysse de Salis dans le pays des Grisons.

Portrait d'”Ulysse de Salis, (1594-1674)”.

Jean Antoine Stoppa épousa (second mariage) Élisabeth de Perponcher. Élisabeth de Perponcher décéda avant 1646.

De cette union naquirent une fille et un fils :

  1. Madeleine, qui fut demoiselle d’honneur de Marie de Bourbon, comtesse de Soissons.
“Marie de Bourbon contesse de Soissons, (1606-1692).

Elle épousa, le 16 février 1675, Jules François Guicciardy, chevalier, lieutenant au régiment des Gardes suisses de sa majesté, qui habitait rue de La Grande Truanderie, paroisse Saint-Eustache à Paris.

Gravure de l’ancienne façade de l’église Saint-Eustache au XVI ème siècle.

Madeleine Stoppa habitait lors de son mariage au pavillon des Tuileries, paroisse Saint-Germain- l’Auxerrois.

Église Saint-Germain-l’Auxerois à Paris.

2. Abraham.

Jean Antoine Stoppa épousa, (troisième mariage), Charlotte Le Vaillant le 27 septembre 1646 en l’église Saint-Sauveur à Paris.

Gravure de l’église Saint-Sauveur,
rue Saint-Denis à Paris.

Charlotte Le Vaillant fut baptisée le 11 août 1613 en l’église de Saint-Saëns, Seine-Maritime, elle était la fille d’Adrien Le Vaillant, sieur du Vauchel, et de Louise ou Magdeleine de Fours, dame de Quitry.

Église de Saint-Saëns, Seine-Maritime.

Son père, Adrien Le Vaillant, sieur du Vauchel et de Rebets, était maître verrier, propriétaire de la verrerie de Lihut, par lettres patentes de Louis XIII, datées du mois de janvier 1629,

“Louis XIII (1601-1643)”, peint par Philippe de champaigne.

et enregistrées au parlement de Normandie le 3 février 1629.

Gravure du parlement de Normandie, Rouen.

Par ce mariage, Jean Antoine Stoppa puis son fils devinrent, après de longues procédures, héritiers de la verrerie de Lihut et de la grande ferme de Rebets.

Ils eurent deux fils :

  1. Louis Charles;
  2. Barthélemy, baptisé le 2 décembre 1649 en l’église Saint-Sauveur à Paris.

Jean Antoine Stoppa estimant qu’il n’aurait plus à revenir dans son pays d’origine décida de vendre sa maison de Coire. Un procès-verbal du conseil de la ville de Coire enregistra, le 27 mai 1647, la vente d’une maison avec écurie appartenant au capitaine Stoppa à Florian Friess, curateur.

Le 26 juin 1648, Jean Antoine Stoppa rendit hommage pour la seigneurie d’Autremencourt ; il fut le premier Stoppa seigneur d’Autremencourt.

En 1648, la compagnie franche qu’il avait levée en 1635 fut incorporée à titre de demi-compagnie dans le prestigieux régiment des Gardes suisses.

Le 8 août 1648, lors de la revue des troupes, près de Crémone, Italie, Jean Antoine Stoppa fut nommé capitaine de cette nouvelle compagnie.

Blason de Jean Antoine Stoppa, conservé Cabinet des Titres, cote P.O.2729,
bibliothèque nationale.

Il la posséda entière jusqu’au 3 janvier 1650, puis une moitié de sa compagnie fut reformée cette même année, et l’autre moitié fut couplée le 8 juillet 1650 avec celle de Zür-Lauben.

Ce fut à cette époque qu’il fut promu gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. Cette charge hautement honorifique ne permettait plus à Jean Antoine Stoppa de commander personnellement sa compagnie.

Il en confia le commandement à son cousin le lieutenant Pierre Stoppa.

Charlotte Le Vaillant décéda lors de la naissance de leur fils Barthélemy en 1649.

Jean Antoine Stoppa se remaria (quatrième mariage) en l’église Saint-Sauveur à Paris le 9  février 1650 avec Marie de Wyer ou de/du Vuyer ; le contrat fut signé la veille, le 8 février.

Gravure de l’église Saint-Sauveur, rue Saint-Denis à Paris.

Marie de Wyer était la fille du noble homme André de Wyer, écuyer et seigneur du château de Boinville à Dommerville, et de dame Jeanne Tardif ; la famille de Wyer habitait rue Coquillière, paroisse Saint-Eustache à Paris.

La famille de Wyer était issue de la principauté de Liège.

Armoirie de la principauté de Liège.

Au début du XVIIème siècle, dans la principauté de Liège, il existait la baronnie de Wyer, le sieur Robert de Kerckem était baron de Wyer, sa fille Anne Marie fut dame de Wyer.

Jean Antoine Stoppa fut qualifié dans l’acte de mariage de « chevalier, seigneur de Corneille-sous-Laon, d’Autremencourt, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, capitaine au régiment des gardes de sa majesté », il demeurait rue Pavée, paroisse Saint-Sauveur à Paris ; son épouse signa « Marie Dewyer ».

De ce quatrième mariage naquit un fils, Jacques Stoppa.

Durant les mois de mai et juin 1652, les troupes espagnoles basées près de La Capelle, aidées par des mercenaires croates, se livrèrent à de nombreuses exactions dans la région d’Autremencourt.

Jean Antoine Stoppa, châtelain d’Autremencourt et officier royal, participa à de nombreux combats et escarmouches pour repousser les troupes ennemies.

En juillet 1652, il mourut à la suite d’une blessure reçue lors du siège de Coucy-le-Château, Aisne.

Remparts du château de Coucy-le-Château.

Sa brillante carrière militaire dans les armées royales, ses nombreuses missions diplomatiques, ses quatre mariages et ses nombreux titres nobiliaires n’ont cependant pas permis à Jean Antoine Stoppa de s’enrichir, car lors de son décès il laissa une succession financière de piètre qualité !

Quelques mois après son décès, dans un acte notarié du 28 novembre 1652, l’aînée de ses enfants, Marguerite Stoppa, demanda à renoncer à la succession de son père, qui aurait été « plus onéreuse que profitable ».

Marguerite ne fut pas le seul enfant de Jean Antoine Stoppa à renoncer à sa succession ; son frère Abraham demanda également des lettres de bénéfice d’inventaire le 7 avril 1668.