Nicolas (II) Stoppa

Nicolas (II) Stoppa

Nicolas (II) Stoppa fils de Jean Baptiste (I) Stoppa et de Lavinia Stoppa.

Né en 1611.

Suivant l’exemple de son père Jean Baptiste (I) et de son oncle Bernardin, il se consacra au commerce et en 1636 s’établit à Lyon à l’âge de 25 ans.  

Nicolas (II) Stoppa épousa, le 8 août 1644, Marguerite Paravicini, née vers 1615, fille d’Alexandre Paravicini, originaire de la ville de Sondrio, province de Valteline en Lombardie, à la frontière de l’Italie et de la Suisse. 

Village de Sondrio.

Ils eurent cinq enfants, tous furent baptisés au temple de Saint-Romain-de-Couzon près de Lyon

Élisabeth, leur première fille naquit le 22 avril 1646 et fut baptisée le 6 mai 1646.

En 1647, suite au décès de son père, Nicolas (II) Stoppa fut confirmé dans la fonction de marchand-banquier de Lyon et fut le troisième marchand-banquier de la même famille installée à Lyon au XVII ème siècle. 

Leur deuxième fille, Marie Anne (ou Marianne), naquit le 7 août 1648 et fut baptisée le 13 août 1648.

Leur troisième fille, Marguerite, naquit le 24 novembre 1650 et fut baptisée le 27 novembre 1650. 

Le 9 juin 1653 naquit leur premier fils Jean Baptiste (III).

Le 26 juin 1654 naquit leur second fils Alexandre qui fut baptisé le 28 juin 1654. Il mourut précocement le 3 août de la même année. 

Est-ce la mort prématurée d’Alexandre qui fut à l’origine de leur départ de Lyon, mais cette année-là, Nicolas (II) et sa famille quittèrent Lyon pour Genève.

Nicolas (II) Stoppa put s’intégrer rapidement à la vie genevoise ; le 22 juin 1655, le Conseil général lui conféra le droit d’être bourgeois de Genève en le dispensant de payer son droit, car il est mentionné qu’il fut reçu gratis en « considération du service qu’on espère de ses frères au bénéfice du public ».

Nicolas (II) Stoppa n’étant jamais mentionné présent aux mariages de ses filles, on peut supposer qu’il décéda avant 1668. 

Son épouse Marguerite Paravicini décéda après 1682, car elle contresigna un acte notarié le 18 décembre 1682.

Par leur mariage, leurs filles établirent les Stoppa en la république de Genève ; toutes épousèrent des militaires issus de familles nobles, les Calandrini, Fabri d’Ayre-la-Ville, de Faverger et Grenus.

Le 4 juin 1668 Élisabeth, la fille aînée, épousa le sieur Henri de Faverger, capitaine au service de la France, veuf de Françoise Turrettini, avec laquelle il avait eu neuf enfants.

Ils eurent une fille Suzanne, qui épousa le noble Ferdinand Chaillet, conseiller d’État du roi de Prusse au comté de Neufchâtel en Suisse, et un fils Jean Baptiste. Tous deux reçurent, le 27 août 1721, un tiers de l’héritage de leur grand-oncle Pierre Stoppa.

Élisabeth décéda le 17 janvier 1692. Sa sœur Marie Anne (ou Marianne), ayant toujours considéré sa nièce et son neveu, Suzanne et Jean Baptiste de Faverger, comme ses propres enfants, elle se considéra leur mère au décès de sa sœur.

La deuxième fille de Nicolas (II) Stoppa, Marie Anne se maria le 29 avril 1674 avec Jacob Grenus.

Jacob Grenus (1644-1713).

Le contrat de mariage fut signé chez maître Deharsu. Marie Anne n’apportant aucune dot avait fait à son époux une constitution générale en dot de tous ses biens présents et à venir ; son époux lui avait promis la restitution de tous ses apports s’il décédait avant elle.

Jacob Grenus naquit le 2 avril 1644, il fut élu, le 4 janvier 1671, au Conseil des Deux-Cents de la ville de Genève.

Le 26 août 1671, il eut l’autorisation du Conseil de lever une compagnie de 200 suisses alors que la ville de Genève avait, le 14 juillet précédent, interdit toute levée de soldats pour servir à l’étranger sous peine de confiscation de biens et de corps.

Marie Anne fit un mariage d’amour. 

Deux mois après son mariage, le 7 juillet 1674, son époux, avant de partir pour l’armée, lui donna la moitié de sa fortune et confirma ce don en signant un acte devant son notaire.

En 1695, Jacob Grenus ne pouvant plus être sur le terrain militaire, peut-être blessé ou malade, confia sa compagnie à son lieutenant et rentra à Genève.

Á cette époque, il avait une belle fortune : les revenus de sa compagnie s’élevaient à 4 200 livres par an et, grâce aux agrandissements et aux travaux d’amélioration, son domaine de Crevin rapportait 1 200 livres.

Il devait cependant assurer de fortes dépenses, notamment les coûts de recrutements des hommes de sa compagnie, les travaux sur son domaine de Crevin et ses dépenses de maison ; il menait grand train, rien que son équipage lui coûtait 500 écus par an pour le carrosse et les chevaux.

En 1701, endetté et manquant d’argent, il demanda à son épouse, qui, au décès de son oncle Pierre Stoppa était devenue la bénéficiaire de la donation que ce dernier lui avait faite le 27 août 1699, de vendre un titre de 10 000 livres sur les 30 000 livres de capital dont elle disposait. 

C’est vers cette époque que le beau mariage d’amour s’ébranla !

Marie Anne avait 53 ans, Jacob 57 ans, tous les deux étaient malades, Jacob « si perclus et infirme qu’il ne voulait et ne pouvait souffrir la peine et l’embarras de tenir ses clefs et ses affaires ».

Marie Anne Stoppa, invalide, vivait chez sa sœur Marguerite qui ne facilitait pas les relations entre les époux.

Marie Anne était la fourmi s’efforçant de gérer sa maison avec économie, Jacob la cigale dépensant sans compter.

Le revers de fortune de chacun des époux contribua à amplifier leurs désaccords : Jacob était très endetté, Marie Anne, qui n’avait pas pu apporter une dot lors de son mariage, devint riche grâce à la prodigalité de son oncle Pierre Stoppa

Le fait de ne pas avoir eu d’enfant n’arrangea pas la situation. Se méfiant l’un de l’autre, ils n’hésitèrent pas à faire intervenir notaires et juristes pour gérer leurs biens.

Les années qui précédèrent le décès de Marie Anne furent particulièrement pénibles : tous deux malades, invalides, jaloux de leurs droits se persécutèrent.

Marie Anne Stoppa décéda le 7 juin 1708, et le contentieux, plutôt « la haine », entre les deux familles était telle que seul le tribunal pouvait les départager.

Dans les mois qui suivirent son décès, les héritiers de Marie Anne Stoppa :

  • Sa soeur Marguerite Fabry ;
  • Ses nièces Marguerite Adrienne Fabry et Marie Anne Fabry ; 
  • Sa nièce Suzanne de Faverger et son neveu Jean Baptiste de Faverger ;
  • demandèrent au tribunal du Petit Conseil de la ville de Genève le remboursement par Jacob Grenus d’une partie du capital que Marie Anne avait reçu suite au décès de son oncle Pierre Stoppa en se référant une confession signée par Jacob Grenus le 8 juillet 1702. 

Jacob Grenus déposa une requête en annulation de sa confession du 8 juillet 1702, estimant qu’elle avait été faite sous contrainte.

Devant cette requête, les héritiers de Marie Anne Stoppa demandèrent une main garnie pour les protéger.

S’étant opposé à cette demande, Jacob Grenus déposa une requête auprès du Petit Conseil pour que cette demande fût déclarée nulle et renvoyée ; il eut partiellement gain de cause. 

Le 8 mars 1709, les juges renvoyèrent l’affaire et demandèrent aux nobles seigneurs et anciens syndics, messieurs Jean Jacques Pictet, François Mestrezat et Pierre Galiffe, d’interroger les témoins et d’étudier les livres et documents comptables.

Le jugement du 8 mars 1709 ne satisfit aucun protagoniste et déclencha trois recours sous forme de factums :

Factum numéro 1011 : pour les demoiselles Marguerite Adrienne et Marie Anne Fabry, Suzanne de Faverger et noble Jean Baptiste de Faverger, héritiers de Marie Anne Stoppa, recourant de la sentence rendue par le Petit Conseil le 8 mars 1709 ; contre le noble Jacob Grenus, défendeur en recours et demandeur en rescision. 

Factum numéro 1012 : pour noble Jacob Grenus défendeur au principal et en recours ; contre les héritiers de feu dame Marie Anne Stoppa et contre dame Marguerite Stoppa, veuve du noble Jean Louis Fabri, qui est demandeur au principal et recourant de la sentence du Petit Conseil du 8 mars 1709. 

Factum numéro 1013 : pour les héritiers de feu dame Marie Anne Stoppa, contre Jacob Grenus ; réfutation du factum numéro 1012 du noble Jacob Grenus. 

Les documents étaient d’une virulence extrême, l’écriture de chaque paragraphe exprimait le parti pris et la haine de chaque protagoniste.

Concernant la phrase que Marie Anne, sur son lit de mort, avait dit à son époux : « Elle aurait bien d’autres choses à dire si on lui avait laissé la liberté, ce que sa sœur ne lui avait jamais permis »… Jacob Grenus sous entendait que sa belle-famille fit de nombreux actes de malveillance à son égard.

Les héritiers rétorquèrent : « ces paroles étaient innocentes ; c’étaient pieuses paroles pour une personne qui se préparait à mourir chrétiennement en pardonnant à son époux les chagrins et offenses qu’elle aurait pu lui dire ».

Concernant le caractère contraignant des confessions que Jacob Grenus dut signer, ce dernier évoqua des violences (!), les héritiers rétorquèrent : 

« Pour prouver les prétendues violences faites audit Noble Grenus, les auteurs du libelle (les avocats de Jacob Grenus) supposent malignement certains motifs de leur invention, qui ont dû, si on les encroit, le porter à faire la confession du 18 décembre 1682, reçue par Maître Estivan, Notaire Ducal, de laquelle on fait mine de vouloir tirer avantage aujourd’hui ».

Ils ajoutèrent : « On a même assez peu de pudeur pour attaquer dans son tombeau feu M. Le Lieutenant-Général Stoppa, de qui cependant ledit Noble Grenus ne devoir parler qu’avec respect, puisqu’il lui a dû pendant longtemps sa conservation dans le service de France. »

Pour justifier qu’il n’avait jamais reçu les sommes mentionnées dans les confessions Jacob Grenus écrivit : « Si Marie Anne Stoppa n’a pas reçu la somme de 10 000 livres personnellement, c’est que sa soeur Marguerite Fabri, qui a toujours géré ces affaires, les avait touchées ; qu’elle avait mis ces sommes au nom de Jacob Grenus à son insu et en avait disposées elle-même ». 

Jacob Grenus n’hésita pas à accuser Marguerite Fabri de détournement de fonds ! 

Pour sa défense, Marguerite Fabri dut jurer solennellement qu’elle n’avait jamais détourné l’argent de Jacob Grenus et expliqua que, si elle s’était impliquée dans la gestion des biens de sa sœur Marie Anne, c’était que sa sœur malade devait être soulagée de la gestion de son patrimoine, que son beau-frère Jacob Grenus étant également très malade ne pouvait s’en occuper et qu’elle était également concernée par la succession de leur oncle.

Finalement, les héritiers Stoppa écrivirent que « le factum de Jacob Grenus était un vomi d’injures, d’outrages et de calomnies vis-à-vis de son épouse et de Marguerite Fabri ».

Hélas, aucun document sur le jugement final de ce triste conflit familial n’est présent aux archives de la ville de Genève. 

Jacob Grenus décéda le 13 novembre 1713.

Dans ce drame familial qui opposa Marie Anne à son époux Jacob, Marguerite, sœur de Marie Anne, est souvent mentionnée et même omniprésente.

Marguerite Stoppa était la dernière fille de Nicolas (II) Stoppa et, comme l’avaient fait ses sœurs, Marguerite par mariage s’était alliée avec des « grandes familles genevoises ».

Le 18 décembre 1671, elle épousa (1er mariage) Jean Calandrini, né le 4 avril 1644, officier au service de la France, mort en service en juin 1672.

Le 29 novembre 1675, elle épousa (second mariage), à Ayre-la-Ville près de Genève, Jean Louis Fabri, coseigneur d’Ayre-la-Ville, né le 25 août 1644, décédé le 8 octobre 1681. Il était le fils aîné de Pierre Fabri.

Son époux, Jean Louis Fabri, fut avocat puis militaire ; il leva une compagnie de 150 hommes dans le régiment de Negroni au service de la république de Venise et fit deux campagnes en Italie. 

Sa santé l’obligea à quitter le service des armées et il fut élu au Conseil des Deux-Cents en 1671 ; il devint auditeur en 1674. 

Lors de son mariage en 1675, ses revenus s’élevaient à 16 000 livres. 

De ce second mariage naquirent deux filles : 

  • Adrienne Marguerite, née le 14 août 1676, mariée le 30 mars 1697 avec Bénédict Fatio, né le 11 juillet 1672, mort en 1713, commandant un bataillon suisse au service de la France. Elle décéda à Nyon, canton de Vaud, le 12 mai 1770
  • Marianne , née le 23 avril 1678, décédée le 23 janvier 1743. 
  • En 1701, au décès de son oncle Pierre Stoppa, Marguerite hérita d’une rente, payée par l’Hôtel-de-Ville de Paris, au principal de 30 000 livres; charge à elle de payer, avec sa sœur Marie Anne, à son frère Jean Baptiste (III) une pension viagère annuelle de 2 000 livres.

Son frère Jean Baptiste (III) avait de nombreux créanciers, ces derniers demandèrent au tribunal que Marguerite Stoppa et ses deux filles leur versassent directement le montant de la pension viagère de Jean Baptiste (III), et obtinrent raison dans un arrêt daté du 26 juin 1716. 

Marguerite et ses filles demandèrent la cassation de cet arrêt, mais elles furent déboutées.

Ses filles, Adrienne Marguerite et Marianne, héritèrent en 1708 de leur tante Marie Anne et, le 27 août 1721, par la décision du conseil de famille, d’un tiers de la fortune de leur grand-oncle Pierre Stoppa

Marguerite décéda à Genève le 16 octobre 1742 à l’âge de 88 ans.

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